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Le billetMarie-Gabrielle Miossec Le billetMarie-Gabrielle Miossec

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Ouf ! La tribune « Pourquoi les végans ont tout faux » parue dans Libération du 19 mars est un soulagement ! Deux chercheurs (Paul Ariès et Jocelyne Porcher) et un journaliste (Frédéric Denhez) y dénoncent la « propagande végane, version politique et extrémiste de l’abolitionnisme de l’élevage et de la viande ». Ils ne donnent pas, tant s’en faut, l’absolution à toutes les formes actuelles d’élevage : ils sont persuadés qu’il faut aller vers un élevage raisonné, respectueux des sols et des terroirs. Mais ils rappellent que depuis 12 000 ans les animaux sont partie prenante du monde humain. Que la polyculture-élevage, grâce au fumier, est une des meilleures idées que l’homme ait jamais eue pour produire en quantité. Que manger végan condamne à ingurgiter des produits transformés par l’agro-industrie. Une agriculture cellulaire sans élevage serait alors aux mains des grandes firmes. Et enfin cette absurdité : le véganisme menace de ruiner les pratiques agricoles alternatives bénéfiques pour l’environnement.

Ce papier fait du bien face à la parole sacralisée de l’association abolitionniste L214 ou, pire encore, du mouvement toujours plus extrémiste 269 Libération animale. Ce mouvement ne prône-t-il pas désormais la désobéissance civile et « l’action directe », allant jusqu’à théoriser sur l’usage de la violence ?

La contre-attaque des végans face à cette tribune ne s’est pas fait attendre, le jour même sur Twitter ou dans les pages de Libération. Sa virulence montre la violence à laquelle s’exposent ceux qui n’écoutent pas religieusement la pensée des antispécistes pour qui l’homme a réduit en esclavage les animaux non humains. Chacun est libre de manger ce qu’il veut. Les abolitionnistes ne prônent rien moins qu’un changement de civilisation ! On peut vouloir prendre en compte la souffrance animale, réfléchir à l’évolution des élevages, sans aspirer pour autant à la création d’un monde nouveau. Et d’un homme nouveau !

(1) Les végans (moins de 1 %) excluent de leur alimentation mais aussi de leur habillement tout ce qui est issu « de l’exploitation animale » : viande, lait œuf, miel, cuir, laine, soie, duvet pour les vêtements, produits testés sur les animaux… Les végétariens (3 %), eux, ne consomment pas de viande.

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